(photo internet)

 

Je me trouvais ce jour-là à Paris dans une salle de réunion au siège social de l’entreprise pour laquelle je travaillais, afin de suivre une cession de plusieurs jours de formation.

Notre groupe de stagiaires était en train d’exécuter un jeu de rôles, lorsqu’un homme entra dans la pièce et annonça d’une voix blanche : « Notre bureau de New York vient de nous faire savoir que deux avions ont percuté les tours jumelles du World Trade Center. »

Nous avons alors tous pensé que cette annonce faisait partie de l’exercice et nous nous sommes tournés vers le formateur en riant !...

Le soir venu, je me retrouvai dans ma chambre d’hôtel, pendue au téléphone avec famille et amis. Chacun (même parmi les moins pro-américains d'entre nous)  percevait l’énormité de la situation sans pour autant pouvoir envisager toutes les conséquences de l’évènement…

Parcours magique

J’adore courir dans la campagne, le long de prairies arborées où quelques chevaux craintifs se retournent en entendant mes pas…J’écoute le vent frémir entre les feuilles de chênes centenaires…Je lis le passage des éléments au loin sur les montagnes lorsqu’elles brunissent à l’annonce du mauvais temps…

Puis je longe les pelouses veloutées d’un golf et arrive enfin sous une voûte d’arbres enchantée, récompense de mes efforts athlétiques…Tout comme « ma haie », cet endroit me protège, me réconforte, me stimule…

J’ai cherché à savoir pourquoi cet endroit m’envoûtait. Peut-être ressemble t’il au chemin que j’empruntais enfant pour aller chercher le lait à la ferme voisine ? (oui, je sais, l’image est kitsch!...)  Peut-être me fait-il penser à une camarade de collège qui vivait non loin de là et qui se trouve être une des personnes les plus « charmantes » (au sens d’envoûtantes) qu’il m’a été donné de rencontrer ?

Dès que je me trouve là, toute notion de temps et d’espace est abolie et je me sens bien, si bien, comme dans un cocon éthéré…

 

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Je suppose que chacun connaît (un ou) plusieurs endroits dans lesquels il se sent naturellement fort et heureux. La recherche d’un de ces endroits spécifiques est très bien décrite dans un roman culte écrit en 1961 par Carlos Castaneda : « l’herbe du diable ou la petite fumée ». Au cours d’un parcours initiatique en Arizona, Don Juan, une sorte de guérisseur sorcier, enseigne au narrateur (parmi d’autres choses sans rapport avec cet article), que bien des lieux peuvent produire ces effets bénéfiques sur une personne, et qu’il s’agit donc de savoir les détecter.

J’ai la chance d’avoir découvert un de ces lieux tout près de chez moi. Il s’agit d’un petit chemin bordé d’une haute haie de lauriers, de mûriers, de figuiers et d’acacias. J’aime marcher sur ce chemin en longeant la haie magique, oui magique, puisque je me sens bien dès que je m’approche d’elle, comme si elle m’avait ensorcelée...

En été j’y cueille des mûres, en hiver j’en respire le silence ouaté, je cajole ma haie, je la photographie, je viens la voir si je me sens mal ou si je rugis intérieurement de colère…Et le charme agit immanquablement et immédiatement. Dès que je suis près de ma haie, j’éprouve un sentiment de plénitude, de joie, de sérénité…

 

Bleu, bleu, l'amour est bleu
Berce mon coeur, mon coeur amoureux
Bleu, bleu, l'amour est bleu
Bleu comme le ciel qui joue dans tes yeux

Bleu, bleu, l'amour est bleu
Le ciel est bleu lorsque tu reviens
Bleu, bleu, l'amour est bleu
L'amour est bleu quand tu prends ma main

Fou, fou, l'amour est fou
Fou comme toi et fou comme moi
Bleu, bleu, l'amour est bleu
L'amour est bleu quand je suis à toi

Extraits de la chanson « L'amour est bleu » ( Paroles: Pierre Cour. Musique: André Popp)

 

Je dois faire une course en ville cet après-midi.

 

Je décide de passer par cette venelle pour gagner du temps. Et là….. Soudain l’odeur particulière de l’humidité et du salpêtre, la lumière faible et blanchâtre qui essaie de s’insinuer dans l’étroit couloir entre les toits au-dessus de moi... mon être entier est envahi de sensations oubliées, de souvenirs…

 

 

 

J’ai seize ans, je sors du lycée et viens saluer ma tante qui vend du fromage dans sa boutique sur le quai…

 

 

 

C’est l’été, je traverse tranquillement le jardin du cloître écrasé de soleil lorsqu’une énorme araignée se pose sur ma jambe nue…

 

 

 

J’ai vingt deux ans, je suis en retard, M…m’attend pour jouer au billard dans un petit bistrot que j’aperçois sur l'autre rive…

 

 

 

J’ai si souvent marché sous ces arceaux qu’il me semble presque apercevoir la trace laissée par les talons de mes bottes préférées, achetées en Espagne un peu avant le bac…

 

 

 

Ce moment de nostalgie m’est très agréable, je me laisse glisser dans le bain chaud de souvenirs (nécessairement) triés sur le volet…Le temps n’est plus linéaire, c’est maintenant et c’est avant-hier, mon esprit est décloisonné…

Alors, pourquoi refermer la grille?...