Il était une fois une petite fille qui voulait savoir ce qu'il adviendrait d’elle si elle croquait l’hostie de la communion.

A cette époque, surtout dans les campagnes reculées, l’église catholique exerçait un pouvoir certain sur des ouailles peu instruites et superstitieuses…

La petite fille vivait dans un ravissant village blotti entre l’océan et les contreforts des Pyrénées. Sa famille comprenait de nombreux mécréants, aussi était-elle moins troublée que ses congénères par les discours quasi apocalyptiques tenus par le curé local, qui décrivait aux enfants les terrifiantes conséquences des actes commis par les pêcheurs, dans un sabir mêlant Français Basque et Espagnol.

Le jour de la première communion arriva et les enfants fermement avertis du fait que l’hostie représentait le corps du Christ et que par conséquent la mordre constituerait un péché mortel, s’avançaient docilement dans l’allée centrale de l’église pour recevoir le fameux sacrement.

La petite fille était soumise à une lutte intérieure terrible. D’un côté il lui paraissait si confortable de se soumettre aux usages et de participer à cette cérémonie pieuse et solennelle, dans ce lieu magnifié par les voix superbes de la chorale du village.

 Et d’un autre côté, elle voulait savoir ! Elle voulait absolument, désespérément savoir ce qu’il adviendrait d’elle si elle osait accomplir cet acte insensé, si elle osait…oui si elle osait croquer l’hostie consacrée !

Elle osa. Et rien ne se produisit. Rien, absolument rien. Ni flammes infernales, ni apocalypse, rien. La messe se poursuivait, les chants liturgiques continuaient à emplir l’espace, et elle était toujours là bien vivante, plus vivante que jamais en fait, loin de la peur et de la superstition, seule et libre, totalement libre pour la première fois de sa jeune existence…