• Salle-de-classe-copie-1.JPG                                                                                                                              (Photo internet)


    Ce texte court a participé à un jeu d’écriture organisé par la communauté LA PETITE FABRIQUE D’ECRITURE du 01.02 au 14.02.2011.

     

    Ce serait éliminatoire…  

    Dans une salle d’examen, le professeur attend que l’étudiante ait fini de préparer le sujet  qu’elle vient de tirer au sort. (Il s’agit d’une épreuve orale)                                    

    L’œil froid du professeur de Relations Internationales me regarde de loin. Assise au fond de la salle d’examen, je relis pour la troisième fois le petit papier déplié sur la table devant moi. Peu m’importe le sujet à traiter puisque j’ai fait une impasse totale sur la matière. Je dispose de 15 minutes pour me préparer. Me préparer à quoi ? A rassembler désespérément quelques généralités sur un thème aussi complexe, c’est ridicule !

                    « N’oublie pas, surtout pas de zéro éliminatoire… »

    Certes ! Je regarde au loin par la fenêtre près de laquelle je suis assise. Le fleuve étire ses eaux boueuses vers la mer. Le soleil irise la surface tourmentée tout en caressant mon visage à travers la vitre. La chaleur m’engourdit …

                   « N’oublie pas, surtout pas de zéro éliminatoire… »

    C’est exact, je dois me ressaisir ! Je me tourne vers le professeur. Ses yeux froids sont à nouveau dirigés vers moi. Je les imagine verts et pailletés de jaune. Je soutiens son regard, nos yeux se fixent mutuellement, s’entrecroisent, se mélangent ... Je me laisse glisser avec fluidité dans ses pensées…

                  « Comment peut-elle se préparer sans prendre de notes ? Il lui reste 5 minutes. Voyons ma liste. Encore trois personnes à qui faire passer cette épreuve et je rentre. Je ne sais pas si je pourrai attraper le train de 18H15. Cette fille est bizarre, elle me regarde fixement depuis un moment. Elle commence à m’énerver. J’espère que cette crétine connait un peu son sujet et que je n’aurai pas à lui donner un zéro…Ce serait éliminatoire… »

     

     


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  • IS098V2MC-copie-1.jpg                                                                                                                    (photo internet)


    Ce texte court a participé à un jeu d’écriture organisé par la communauté LA PETITE FABRIQUE D’ECRITURE du 18.01 au 01.02.2011. 


    Le Lalique

    Magalie et sa mère Henriette (qui souffre de confusion mentale), sont debout  face à face dans le salon de Magalie. Henriette qui vit dans une maison de retraite est venue passer la journée chez sa fille.


    -Maman s’il te plait, pose ça, c’est très fragile. Tu vois, c’est le Lalique de tante Paule.

    -Tu sais bien chérie qu’il est à moi.

    -Non Maman, il n’a jamais été à toi, tante Paule me l’a donné il y a longtemps.

    -Tu te trompes Magalie, le Docteur Genty  vient de me l’offrir. J’en ai besoin pour téléphoner.

    -????? !!!!!…………………….. 

    -J’ai besoin de ton aide ma chérie. Je voudrais téléphoner à Anna, mais je ne trouve pas les lettres A et N sur ce cadran. Il n’y a que …dix, non douze chiffres et trois aiguilles.

    -Je t’en prie Maman, cesse de le tourner dans tous les sens, il va finir par tomber et se casser. Tu ne pourras pas parler à  Anna, mais si tu veux nous regarderons ensemble ces jolies photos de vous deux, quand vous étiez enfants.

    -Oui, on avait une chatte….j’ai oublié son nom…

    -Viens Maman, ne te tourmente pas, on va aller se promener dans le jardin, nous y verrons des chats.

     

    Magalie récupère le Lalique, mais elle se sent si triste, qu’il lui est maintenant absolument égal que l’objet se casse ou pas…



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  • B-12-2010-017.jpg

    Hier après-midi je me trouvais dans ma voiture en train de prendre une dernière photo du coucher de soleil (voir article précédent : « Shanti… »), lorsque j’aperçus la conductrice d’une voiture stationnée non loin de la mienne. Je reconnus un visage que m’avait montré il y a quelque temps sur internet  mon amie Marine, qui sillonne le web à la recherche de nos vieux copains de lycée.

    Je dis bien « je reconnus un visage » et non pas « je reconnus mon amie de jeunesse Brigitte » car si les photos vues sur internet ressemblaient bien à la fille que j’avais connue, l’expression du visage en était foncièrement différente, plus austère et fermée. D’ailleurs depuis ce jour-là, j’avais pensé régulièrement à Brigitte et m’étais demandé quelle vie avait pu être la sienne pour que son visage n’exprime plus ni douceur ni joie de vivre.

    Donc stationnée à quelques mètres d’elle mais troublée par cette coïncidence, je réalisai que je n’avais pas envie d’aller lui parler. Aussi je mis le moteur en marche et démarrai.

    Et depuis hier je m’interroge sur ma réaction. Je suppose que si j’ai reconnu Brigitte, c'est seulement parce que j’ai eu l’occasion de voir des photos d’elle récentes qui m'ont permis de repenser à elle. Il est du reste possible que je l’aie déjà croisée sans la reconnaître (ses parents habitent la même région que moi et elle doit sans doute leur rendre visite de temps à autre).

    Mais hier j’ai aperçu une étrangère, la femme des photos d’internet, et non pas l’amie de jeunesse,  puisque le souvenir que j’avais de Brigitte s’est trouvé en quelque sorte revisité par le visionnage des photos ainsi que par mes propres réflexions…

     


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  • PICT1707

     

    L'incident relaté ci-dessous s'est déroulé il y a quelques mois dans un restaurant Tokyoïte branché du quartier Akasaka.

    C'est mercredi soir et l'établissement est bondé; l'ambiance y est chaleureuse voire même survoltée. Les très jeunes serveurs ont un look "top trendy". Chaque convive est équipé d'un mini grill posé devant lui, ce qui lui permet de cuire à son goût, fruits de mer, poissons et légumes. Et la bière Nipponne coule à flots!

    Au centre de la pièce une longue tablée est particulièrement bruyante, mais qui pourrait imaginer ce qui est sur le point de se produire à cet endroit précis?...

    En effet un jeune homme félin bondit soudain par dessus la table en se jetant sur un autre jeune homme assis en face de lui. Ce dernier, projeté en arrière sur le sol, essaie de riposter à l'aide de ses poings, tandis que son agresseur vient s'écraser sur lui et tente de l'étrangler avec ses mains. L'assaut n'a pris que deux ou trois secondes. Les serveurs (hommes et femmes) se précipitent vers les protagonistes en vue de les séparer. Mais ce ne sera pas nécessaire. En effet les deux hommes se relèvent vivement, comme dessaoulés. L'agresseur fait un signe de la main, paume en l'air, signifiant à l'évidence qu'il a repris ses esprits et que la bagarre est terminée. Sans un mot, tous deux sortent du restaurant tête basse, suivis par une jeune fille en pleurs, qui cache son visage honteux dans ses mains.

    Pendant ce temps, aucun des clients n'a bougé, pas même les autres compagnons de table des deux combattants. Les conversations ont simplement cessé pendant la brève bagarre, puis ont repris comme si de rien n'était…

    Je me contente de relater ces faits sans les interpréter (ma connaissance sommaire du Japon ne me permet pas de le faire).

    Cependant je repense parfois à cet incident étonnant qui n'a pas manqué de me faire réfléchir. D'ailleurs, il s'agit à mon avis d'un évènement isolé parce qu'on se sent vraiment en sécurité à Tokyo ainsi que partout ailleurs au Japon.

     

     


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  •  Amsterdam

     

    Je suppose que tout le monde connaît ce sentiment étrange que procure une rencontre improbable.

    Ainsi un jour, il y a longtemps, je me trouvais dans un tramway à Amsterdam, lorsque mon œil fut attiré par un vélo qui zigzaguait sur la piste cyclable. Je souris intérieurement, repérant pour l’avoir expérimentée, la maladresse d’un étranger utilisant pour la première fois un vélo Hollandais.

    L’étranger donc (en tous cas en avais-je décidé ainsi), luttait sur son vélo pour tenter de freiner la course folle qui risquait de le faire chuter sur les rails.

    L’homme leva soudain son visage à la fois furieux et concentré vers la vitre derrière laquelle je l’observais. Et là je reconnus immédiatement Martin, un garçon qui se trouvait dans la même classe que moi à l’école primaire et que j’avais croisé deux ou trois fois lorsque nous étions adolescents.

    Il n’y avait donc pour moi aucun doute, c’était Martin.

    Je lui souris, ses yeux me fixèrent pendant une seconde et une voiture vint le soustraire à ma vue. Je ne le revis jamais et il n’est donc pas certain qu’il m’ait reconnue.

    En tous cas cette rencontre (il s’agit bien d’une rencontre même si je ne saurai probablement  jamais comment Martin a vécu ce court instant), me laissa une curieuse impression, comme si mon passé et celui de Martin s’étaient glissés dans ce regard brièvement échangé…



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