• PICT2057.JPG                                                                       (photo de "Carnets de voyage" de Titouan Lamazou)


    Quelque part sur la terre, une fillette aimerait étudier…

    Elle rêve de crayons de couleur crissant sur le papier,

    Elle rêve d’un tableau noir et de craies, de chiffres et de belles phrases

    Et de mots d’Anglais,

    Elle rêve de jeux partagés, de cour de récréation et de goûter,

    Plus tard, elle aimerait devenir une maîtresse d’école et enseigner,

    Pour pouvoir rester dans l’enclos abrité du monde, dans la classe illuminée,

    Et préparer les leçons du lendemain pour des enfants joyeux et de bonne volonté,

    Aux yeux doux et brillants,  pour des fillettes appliquées…

    Elle rêve d’une vie protégée, loin de la douleur, loin de la mort et du danger,

    Elle rêve d’être soignée choyée et entourée…

    Elle a toujours été docile et dévouée, elle a toujours fait ce qu’on lui demandait,

    Alors pourquoi passe t’elle son enfance à trimer dans un lieu étranger,

    A balayer les terrasses  recouvertes du sable chaud que le vent du désert a transporté,

    A nettoyer le linge de maîtres ingrats et les uniformes d'enfants aux visages fermés,

    Elle manque de sommeil et de gaîté, de soins, de tranquillité,

    Elle s’imagine en train de jouer avec d’autres fillettes, sur la plage ou près du marché…

    Elle se souvient qu’elle aidait sa mère à vendre de jolis légumes colorés,

    A trier le linge que les femmes de la maison venaient de lessiver…

    Et elle s’interroge parfois: peut-être est-elle encore là-bas dans son village bien-aimé,

    Couchée sur la natte avec ses sœurs et en train de rêver ?...

     


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  •  PICT0995        

    Le vent sourit entre les tombes,

    Esprit clément de nos anciens,

    La lune perplexe, s’incline et songe,

    Que font sous terre tous ces humains ?

     

    Le vent sourit entre les tombes,

    Esprit malin de nos aïeux,

    Et Dieu perplexe frémit de honte,

    Mais qu’ai-je donc pu faire d’eux?

     


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  • Jardin-juin.jpg

    Ce très beau poème a été mis en musique par Leo Ferré


    IL N'AURAIT FALLU
    Louis Aragon - 1956


    Il n'aurait fallu
    Qu'un moment de plus
    Pour que la mort vienne
    Mais une main nue
    Alors est venue
    Qui a pris la mienne

    Qui donc a rendu
    Leurs couleurs perdues
    Aux jours aux semaines
    Sa réalité
    A l'immensité
    Des choses humaines

    Moi qui frémissais
    Toujours je ne sais
    De quelle colère
    Deux bras ont suffi
    Pour faire à ma vie
    Un grand collier d'air

    Rien qu'un mouvement
    Ce geste en dormant
    Léger qui me frôle
    Un souffle posé
    Moins une rosée
    Contre mon épaule

    Un front qui s'appuie
    A moi dans la nuit
    Deux grands yeux ouverts
    Et tout m'a semblé
    Comme un champ de blé
    Dans cet univers

    Un tendre jardin
    Dans l'herbe où soudain
    La verveine pousse
    Et mon coeur défunt
    Renaît au parfum
    Qui fait l'ombre douce

    Il n'aurait fallu
    Qu'un moment de plus
    Pour que la mort vienne
    Mais une main nue
    Alors est venue
    Qui a pris la mienne


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  • Ciel de miel. Ciel d’automne.
    Silence. Apaisement.
    ...

    Ciel de septembre

    PICT1020

    Ciel roux. Ciel de septembre.
    De la pourpre et de l’ambre
    Fondus en ton brouillé.
    Draperie ondulante
    Où le soleil se plante
    Comme un vieux clou rouillé.
     

    Flots teintés d’améthyste.
    Ecumes en batiste
    Aux légers falbalas.
    Horizon de nuées
    Vaguement remuées
    En vaporeux lilas.

    Falaises jaunissantes.
    Des mûres dans les sentes,
    Du chaume dans les champs.
    Aux flaques des ornières,
    En lueurs prisonnières
    Le cuivre des couchants.

    Aucun cri dans l’espace.
    Nulle barque qui passe.
    Pas d’oiseaux aux buissons
    Ni de gens sur l’éteule.
    Et la couleur est seule
    À chanter ses chansons.

    Apaisement. Silence.
    La brise ne balance
    Que le bruit endormant
    De la mer qui chantonne.
    Ciel de miel. Ciel d’automne.
    Silence. Apaisement.

    Jean RICHEPIN



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  • Epigramme

     

    Le Lieutenant Criminel et Samblançay

     

    Clement Marot - 1527

     

    Montfaucon.png

     

     

    LORS que Maillart, juge d’Enfer, menoit

     

    A Monfaulcon Samblançay l’ame rendre,

     

    A vostre advis, lequel des deux tenoit

     

    Meilleur maintien? Pour le vous faire entendre,

     

    Maillart sembloit homme qui mort va prendre,

            

    Et Samblançay fut si ferme vieillart,

     

    Que l’on cuydoit, pour vray, qu’il menast pendre

     

    A Monfaulcon le lieutenant Maillart.

     

     

     

     


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